Serge : Carnets

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LE BEAU MÉTIER DE VAINCU
D'où vient qu'un aussi pur réfractaire que Serge, romancier, journaliste extralucide, épistolier, polémiste, auquel il n'aura manqué somme toute que de mourir assassiné au coin d'une rue, ne fasse pas plus belle figure dans nos dictionnaires, nos encyclopédies, nos manuels de littérature ?(...)Jugez plutôt : trop "marxiste" pour intéresser Le Figaro, pas assez pour émouvoir L Humanité, Esprit ou Les Tmps modernes de l'après-guerre. Trop politicien pour la NRF, trop gendelettre pour les bulletins de la IVè. Trop rigoureusement intello pour les à-peu-près du romantisme révolutionnaire, trop romantique, et romancier, pour les censeurs et recenseurs de la ligne juste. Trop probe pour se tailler une dégaine d'oracle ou de chef de file, trop quant-à-soi pour ne pas rebrousser "les forces organisées". (... ) Il y a quelque chose d'inachevé, d'avorté, de mélancolique dans le destin de Victor Serge qui le rend exemplaire. Ferons-nous aussi bien, chers amis et concitoyens? Il faudra nous lever de bonne heure. L'échec, c'est ce qu'il y a de plus difficile à réussir. Voici un maître d'actualité.
RÉGIS DEBRAY (extraits de la préface)

Né en 1890 à Bruxelles, mêlé aux milieux anarchistes dans les années dix, Victor Serge arrive en Russie en 1919, au moment où la Révolution est sur le point de succomher au blocus qui lui est fait.
Chargé par Zinoviev des publications et de la propagande de la III Internationale, il est envoyé à Berlin, Prague, Vienne. Rapidement, il se démarque des directives totalitaires qu'il reçoit. Arrêté plusieurs fois pour ses connivences avec Trotski, Zinoviev, Kamenev, déporté, il finit, grâce à la réputation internationale qu'il s'est acquise, par être autorisé à sortir d'Urss. En Occident, le Guépéou le poursuit sans que, par ailleurs, sa voix et ses mises en garde soient vraiment entendues. En 1940, il part pour le Mexique, où Trotski vient d'être assassiné. Il y mourra en 1947.
185 pages
édition : janvier 1986