La bataille de la mémoire, les enjeux de l’histoire coloniale sont significatifs d’une crise de l’identité nationale dans son rapport au passé. Mais les mémoires meurtries de l’esclavage, de la colonisation ou de l’immigration ne guériront pas par l’inversion simpliste de l’histoire qui ferait de l’héritage victimaire le mythe fondateur d’une identité de groupe. Ces mémoires pourraient se pacifier si les grands mythes de « l’histoire de France » cristallisée en vulgate dans les manuels primaires de la IIIe puis de la IVe République, socle de marbre de l’identité nationale durant des décennies, étaient eux aussi reconnus et démystifiés. Le dévoilement progressif ou médiatique de faits occultés rôle de Vichy dans la déportation des juifs, tortures en Algérie, face française de la traite et de l’esclavage des Noirs a déjà conduit à des révisions, notamment de l’histoire du XXe siècle.