Nous voici au coeur de la résistance et de la création tout à la fois. Défier le récit des puissants, c’est défier ces films « parfaits » formatés par Hollywood, faisant de nous des citoyens passifs, dociles, sans esprit critique. Car il y a bel et bien une esthétique de la soumission. En revanche, y a-t-il une esthétique de la résistance ? Ken Loach répond « oui ». Mais soyons clairs. S’il est un des rares aujourd’hui à assurer que la lutte des classes est toujours aussi vivante, il ne cède jamais pour autant à la propagande. Il dit : « Je ne filme jamais un visage en gros plan ; car c’est une image ostile, elle réduit l’acteur, le personnage à un objet. » Or on peut faire ce qu’on veut d’un objet, l’exclure, l’expulser… Mais si la caméra est comme un œil humain, alors elle capte toutes les présences, les émotions, les lumières, les fragilités. Et nous devenons tous des « film makers ». L’auteur : Ken Loach, Palme d’or à Cannes en 2006 pour Le vent se lève, et à nouveau palme d'or en mai 2016 pour "Moi Daniel Blake", est sans conteste l’un des plus grands cinéastes engagés de notre temps. Il partage sa vie entre ses films, sa maison de production Sixteen Films à Londres, et son jardin de Bath où il vit avec sa famille. édition : 2014