Soixante-dix ans après juin 1936, que reste-t-il du Front populaire ? Quelques images fortes se sont fixées dans la mémoire collective : les congés payés avec ses départs en tandems et en trains, les 40 heures, les usines en grève, les bals pendant les occupations des usines… Les 1 000 jours du Front populaire font partie de l’histoire sociale et politique de la France. Les conquêtes ouvrières marquent et structurent durablement l’histoire humaine et industrielle du pays, et ce jusqu’à la fin des années 1970. La « guerre froide » et la politique des blocs ont refoulé les souvenirs et le vécu des luttes unitaires d’avant-guerre. Pourtant, au gré des circonstances politiques le Front populaire est appelé à la rescousse : en 1956 lors des élections législatives, en 1968 lors des « événements », en 1981 avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, en décembre 1995 quand le gouvernement Juppé est mis à mal, en 2005 après la victoire du « non » au traité constitutionnel européen. Ce Front populaire de combat, symbolique et mythifié, surgit des cendres du passé. Peut-il éclairer les chemins d’aujourd’hui ? Les puissantes mobilisations pour l’abrogation du CPE ouvrent la voie, elles aussi, à des mouvements sociaux nouveaux porteurs d’espérance. L’ouvrage enrichit la connaissance du Front populaire par deux approches. Il s’attache à cerner la situation sur le plan local avec l’examen de la réalité des luttes sociales dans plusieurs villes de la banlieue de Paris, Colombes, Asnières, Saint-Ouen, Clichy, Gennevilliers, singulièrement de Nanterre, et de Marseille. Des thèmes transversaux sont aussi examinés : la place des femmes, le jazz, l’antifascisme, le colonialisme, l’immigration, l’analyse économique. Chronologie et documents font de ce livre à la fois une mise en perspective originale des grèves de 1936, des réformes, des échecs et des impuissances, notamment en politique internationale. Les auteurs : Nicolas Béniès est économiste et critique de jazz. À ce dernier titre, il est chargé de cours sur le jazz à l’Université populaire de Caen. Il mêle jazz et économie en un balancement qu’il voudrait singulier pour donner des clés de compréhension de ce monde qui nous entoure et trop souvent nous enserre. Auteur de L’Après libéralisme, il a aussi contribué, entre autres, à L’Année sociale en 2001 et au Bateau ivre de la mondialisation en 2000. Directeur-gérant de la revue de L’École émancipée, membre du comité de rédaction de l’US Magazine. Jean-Paul Gautier est docteur en sciences politiques et auteur de La Restauration nationale. Un mouvement royaliste sous la 5e République, en 2002. Daniel Grason a été tourneur sur métaux et employé aux méthodes (Saviem Saint-Ouen 1961-1965), animateur (1965-1967) et de nouveau tourneur (Delachaux 1967-1968). Licencié, il est permanent du PCF à Gennevilliers (1968-1978) puis journaliste photographe à La Voix populaire (1978-1993), à Agora, (1993-2002). Il est coauteur (avec Bernard Massèra) de Chausson : une dignité ouvrière, en 2004. Loïc Le Bars est l’auteur de La Fédération unitaire de l’enseignement (1905-1935). en 2005. Robert Mencherini est historien et participe à plusieurs équipes de recherche régionales et nationales. Il a notamment publié Guerre froide, grève rouges. Parti communiste, stalinisme et luttes sociales en France. Les grèves « insurrectionnelles » de 1947-1948, en 1998, et Midi rouge, Ombres et lumières. Les années de crises, 1930-1940, Paris en 2004. René Mouriaux est politologue, directeur de recherche honoraire de la Fondation nationale des sciences politiques. Claude Pennetier est historien, chercheur au CNRS, directeur du « Maitron », le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier, mouvement social. Madeleine Peytavin est membre de l’Institut d’histoire sociale CGT des cheminots. Patrick Pochet travaille au service des relations internationales de la Mairie de Nanterre. 230 pages édition : mai 2006